"Intelligence artificielle et paix" : le message du pape François pour la Journée de la paix
À l'approche de la 57e Journée mondiale de la paix, le Pape François adresse un appel sur l'impact de l'intelligence artificielle (IA) sur la paix mondiale. Dans son message, il exhorte la communauté internationale à réglementer le développement de cette technologie par le biais d'un "traité international contraignant qui réglemente le développement et l'utilisation de l'IA sous ses multiples formes".
Le 1er janvier de chaque année a lieu la Journée mondiale de la paix, une journée établie à l'initiative de l'Eglise catholique en 1968 en faveur de la paix dans le monde. À l'approche de cette Journée, le pape François a publié hier, jeudi 14 décembre, un texte intitulé "Intelligence artificielle et paix" dans lequel il s'interroge sur l'impact de l'IA sur la paix mondiale et exhorte la communauté internationale à la réglementer.
Le pape débute son message en rappelant que l'intelligence humaine est un don de Dieu, destiné à être utilisé pour le bien de toute l'humanité.
"L’intelligence est l’expression de la dignité que nous a donnée le Créateur qui nous a créés à son image et à sa ressemblance."
Selon lui, le progrès scientifique et technologique, lorsqu'il est aligné sur les valeurs fondamentales de justice et de fraternité, peut être un instrument puissant pour promouvoir la paix. Cependant, il met en garde contre les risques liés à un contrôle excessif sur la réalité et souligne la nécessité de se poser les bonnes questions sur les conséquences à long terme de la révolution numérique.
IA : entre risques et opportunités
Le Saint-Père explore ensuite les avancées de l'intelligence artificielle, mettant en lumière les opportunités et les risques qu'elle présente. Il souligne la diversité des formes d'IA et insiste sur le fait qu'une utilisation bénéfique dépendra de notre capacité à agir de manière responsable. Il appelle à une supervision éthique, soulignant que le simple engagement éthique des concepteurs n'est pas suffisant. Des organismes dédiés doivent, selon lui, être mis en place pour examiner les questions émergentes et protéger les droits des utilisateurs.
"Il ne suffit pas non plus de supposer que ceux qui conçoivent les algorithmes et les technologies numériques s'engagent à agir de manière éthique et responsable. Des organismes doivent être renforcés ou, si nécessaire, créés pour examiner les questions éthiques émergentes et protéger les droits de ceux qui utilisent les formes d’intelligence artificielle ou sont influencés par elles."
"La confidentialité, la propriété des données et la propriété intellectuelle sont d’autres domaines dans lesquels ces technologies présentent des risques graves, auxquels s’ajoutent d’autres conséquences négatives liées à leur mauvaise utilisation, telles que la discrimination, l’ingérence dans les processus électoraux, la mise en place d’une société qui surveille et contrôle les personnes, l’exclusion numérique et l’exacerbation d’un individualisme de plus en plus déconnecté de la collectivité", écrit encore le pontife argentin, qui estime que "ces facteurs risquent d’alimenter les conflits et d’entraver la paix".
Dignité des travailleurs et questions éthiques
François aborde également les implications de l'apprentissage automatique, mettant en garde contre les risques liés aux erreurs que peut faire l'IA. Il souligne la nécessité d'une supervision humaine adéquate et appelle à la reconnaissance des limites humaines face à la complexité du monde. Il met également en garde contre les risques liés à l'utilisation de l'IA dans le domaine du travail, soulignant l'importance de préserver la dignité des travailleurs et l'équité des salaires.
"Notre monde est trop vaste, trop diversifié et trop complexe pour être entièrement connu et classifié", martèle François, soulignant l'importance de reconnaître les limites de la technologie et de préserver le "sens de la limite". Le pontife souligne également les questions éthiques que soulève l'IA, craignant que "le recours à des processus automatiques qui catégorisent les individus, par exemple par l’utilisation généralisée de la surveillance ou l’adoption de systèmes de crédit social, puisse également avoir de profondes répercussions sur le tissu de la société, établissant des classements inappropriés entre les citoyens".
À travers ce long message en huit points, le pape François appelle finalement à une utilisation éthique de l'intelligence artificielle, soulignant que le progrès technologique ne doit pas compromettre la dignité humaine, ni contribuer aux injustices et aux conflits, mais plutôt servir la paix et le bien commun.
Des réglementations pour encadrer l'IA
Pour se faire, il appelle à la création d'organismes pour examiner les questions éthiques émergentes liées à l'IA. François exhorte également la communauté mondiale à adopter "un traité international contraignant" pour réglementer le développement et l'utilisation de l'IA.
"J’exhorte la Communauté des nations à travailler ensemble afin d’adopter un traité international contraignant qui réglemente le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle sous ses multiples formes. L’objectif de la réglementation, bien sûr, devrait être non seulement la prévention des mauvaises pratiques, mais aussi l’encouragement des bonnes pratiques, en stimulant des approches nouvelles et créatives et en facilitant des initiatives personnelles et collectives."
En conclusion, le pape encourage "les fidèles chrétiens, les croyants de différentes religions et les hommes et les femmes de bonne volonté collaborer en harmonie pour saisir les opportunités et affronter les défis posés par la révolution numérique, et livrer aux générations futures un monde plus solidaire, juste et pacifique".
Camille Westphal Perrier
